Le droit d’auteur prolongé de 20 ans pour les oeuvres musicales

Ça y est, cela avait été annoncé il y a quelques jours, c’est fait. L’Union européenne a voté ce lundi 12 septembre, un prolongement des droits voisins concernant les œuvres musicales.
En repoussant le passage au domaine public de 50 à 70 ans après l’enregistrement de l’œuvre, le conseil des États membres confirme son attachement à faire plaisir aux majors du disque.

Une réforme pour les artistes?

C’est comme cela que l’on essaie de nous faire avaler la pilule. Ce vote intervient après que le Danemark ait changé d’avis sur la question en avril dernier, provoquant ainsi la possibilité de trouver une majorité pour. Il traduit officiellement une volonté « d’étendre le niveau de protection des artistes-interprètes en reconnaissant leurs contributions créatrices et artistiques. »
C’est pas du beau foutage de gueule en règle ça?

On arrive en fait à un moment où tous les enregistrements des années soixante (période d’explosion des ventes), arrivent au terme de leurs 50 ans. Les compilations de noël font encore bien trop d’argent pour s’en passer, et c’est quand même plus sécurisant que d’investir dans de nouveaux talents (non Nolwenn, je ne parle pas de toi!)

L’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), qui est chargée de défendre les intérêts des majors, applaudit bien sûr cette réforme. Mais si on voulait parler rétribution des artistes, il aurait été préférable de parler en premier lieu de redistribution des bénéfices. Les maisons de disques touchent dans certains cas plus de 90% des revenus liés à la vente, et se soucient peu du sort des artistes lorsqu’ils ne s’appellent pas Johnny, Jean-Jacques ou Florent.

Autre fait troublant (soyons candides!), nous sommes également six mois après que l’ancienne directrice juridique de l’IFPI ait été nommée à la commission européenne, en charge des questions relatives à la propriété intellectuelle. La situation présente fait donc suite à un travail de lobbyisme (payant) sur les institutions européennes qui conduit également tout doucement, à la ratification du traité ACTA.

On n’est plus à ça près!

Entre Hadopi et le e-G8, les majors du disque ont donc le vent en poupe, en France aussi, ces derniers temps. La bienvenue crise du disque, ainsi que le développement et la démocratisation de l’accès à Internet, leur ont fourni de nouveaux arguments pour se faire passer pour des victimes.

Certes, les majors vendent moins de disques. Mais ce qui est moins mis en avant, c’est l’augmentation du chiffre d’affaire (CA) pour d’autres indicateurs, comme à la billetterie par exemple.
Si on prend le cas (au hasard hein!) d’Universal Music, dont le PDG Pascal Nègre est en croisade contre le téléchargement illégal, on note une augmentation de 2% du CA en 2010 (4,4 milliards d’euros).

Du coup, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j’ai l’impression qu’à part renforcer le principe de propriété privée au détriment de celui de bien commun, on n’a pas fait grand chose en faveur de la culture dans cette affaire.

À lire aussi: Allongement des droits voisins: 20 ans perdus pour le domaine publique (vidéo)


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3 Commentaires

  1. Entièrement d’accord avec toi. Les artistes qui font plus de 50 ans de carrière restent encore assez rares, alors quand bien même ils toucheraient une partie des revenus liés à la vente de ce qu’ils ont créés il y a 70 ans, cela reste seulement une manœuvre purement économique, dictée au nom du Sacro-Saint CA qui doit être en augmentation permanente, et sous le couvert du bien être des artistes, pour faire plaisir à Mme Michu…

  2. la collusion des majors et des gouvernements est une véritable plaie. Avec des députés de 60 ans, conservateurs, croyant qu’internet a été inventé par wanadoo en france, qui ne peuvent imaginer que la liberté crée de la richesse, il va falloir lutter. le modèle économique s’écroule, le sol se dérobe sous leurs pas, ils s’accrochent aux murs…ceux qui sont censés faire avancer la société la freinent…

    • Je suis d’accord avec toi, il y a, au delà des intérêts économiques, un problème d’ordre générationnel. Les modèles industriels sont périmés et les personnes qui dirigent ne comprennent pas grand chose à Internet.
      On le voit clairement dans certaines propositions de lois du type: interdire l’anonymat (je pense à un élu UMP qui attaquait les blogueurs) ou plus récemment Hadopi (ils ne comprennent pas qu’il est déjà trop tard pour interdire le partage).
      La « victoire » (10%) du parti pirate en Allemagne semble illustrer cette fracture « générationnelle ».

      Par contre, je pense que les dirigeants (politiques et économiques) comprennent tout de même quelque chose d’essentiel: leur modèle est en danger, et donc leur porte feuille et leur pouvoir.
      Nous avons effectivement à faire entendre notre voix et développer les pratiques de collaboration et de partage sur le net!

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