Un brevet Google pour surveiller et prévenir les infractions

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On va dire que je fais une fixation sur Google (et ce n’est pas faux non plus), mais il y a des moments où on se demande jusqu’où ils vont bien pouvoir repousser les limites de cette espèce de démocratie totalitaire en construction.

Avons-nous encore notre mot à dire?

Le terme totalitaire est fort c’est vrai. Exagéré, je ne sais pas. Mais demandez-vous par exemple quels étaient les moyens employés dans l’ancienne RDA soviétique tant décriée (avec raison) pour ses penchants liberticides. Si la répression est bien entendu incomparable dans nos pays occidentaux, les outils de surveillance sont aujourd’hui bien plus nombreux et précis qu’ils ne pouvaient l’être à l’époque. Autre différence: les états ne sont plus les seuls sur le marché, les entreprises privées s’y donnent aujourd’hui aussi à cœur joie.

Je ne souhaite pas verser dans l’alarmisme en criant au fascisme à tout bout de champ car nous n’en sommes heureusement pas là. Mais il me semble que la thématique de la surveillance est à prendre avec le plus grand sérieux, et que ses développements actuels sont de nature à poser la question du choix de la forme de démocratie de nos sociétés.

Faut-il enseigner l’entreprenariat l’autocensure de la 6e à la terminale?

Jean a de longues moustaches

« Jean a de longues moustaches »

Le 2 mai, Google a donc déposé un brevet permettant de lire les conversations électroniques, et de prévenir automatiquement l’utilisateur si ses propos contreviennent à telle ou telle règle (la loi, un règlement intérieur etc.).
Dans l’entreprise, vous pourriez être prévenus que vos positions sont contraires aux intérêts de la boîte, que manifestement vous tournez un peu syndicaliste et qu’il va falloir se calmer rapidos…
En société, je ne prendrais même pas la peine d’argumenter, je vous renvoie vers les nombreuses affaires d’écoutes de journalistes de Médiapart, du Monde et autres, vers l’affaire Tarnac… N’oublions pas non plus les projets délirants mis en place ou envisagés au non de la propriété intellectuelle, de la lutte contre le terrorisme (INDECT, SOPA, CISPA, Hadopi, ACTA…) etc.

Vie privée, présomption d’innocence… C’est has been tout ça

Mais le problème ne s’arrête pas là. En plus de prévenir l’utilisateur qu’il est en train d’enfreindre telle ou telle règle, le système pourra prévenir directement l’autorité de référence (le patron, pourquoi pas la justice ou les RG dans un futur sombre), et cela avant même que le mail ne soit envoyé, et donc avant même que la potentielle infraction ne soit commise. Ça ne vous rappelle pas un certain film d’anticipation adapté d’un roman de Philip K. Dick ça? Pour les plus sceptiques, rappelons que de telles expériences sont déjà tentées par la police, notamment aux États-Unis, pour la prédiction de crimes.

Comment sera utilisé ce brevet? Le programme sera t-il implanté dans les smartphones? Qui s’en saisira? Ces technologies seront-elle vendues à des dictatures comme cela a été fait avec l’affaire Amesys? Beaucoup d’interrogations se présentent à la lecture de cette nouvelle, et il devient urgent qu’un débat publique soit engagé sur la direction que nous donnons à la recherche technologique.

Cela constitue désormais une question de projet de société.


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2 Commentaires

  1. Je voulais te dire que j’aime beaucoup ton site, il est clair et intéressant.
    Je partage aussi un peu tes idées, donc ç’a été une agréable surprise d’avoir découvert ton site !

    Continue comme ça ! 😉

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